APPENDICE N°3
RÉFLEXION
SUR LA FONCTION DE L’ARCHITECTURE FUNÉRAIRE ROYALE DE L’ANCIEN EMPIRE
COMME EXPRESSION DE LA MÉMOIRE CULTURELLE
L’architecture
funéraire royale de l’Ancien Empire est l’expression de la tradition
culturelle. Celle-ci est une tradition dans laquelle, si d’un côté rien
on peut ajouter ni lever (donc canonisée), de l’autre elle
est aussi interprété, prise à coeur et transposée dans la réalité
vécue. La tradition canonique de l’architecture peut expliquer son sens
seulement dans le triangle idéal:
règles de projet,
interprète
(architecte) et bénéficiaire
(roi-dieu).
S’il est
vrai qu’en époque ptolémaïque le projet du temple est le résultat
volumétrique d’un livre divin, sûrement la genèse du complexe
funéraire à pyramide nous révèle une trame canonique avec des
règles sans doute anciennes, sur laquelle l’interprète (architecte)
travaille pour adapter espaces et volumes aux exigences d’une commettant
cultuelle qui varie légèrement dans les temps.
Le complexe
funéraire royal est l’expression développée, de degré très élevé,
d’une vie menée selon les règles de l’éthique sociale
(reconnaissance, sens de la famille et civique, loyauté, solidarité,
responsabilité, fidélité, pitié, devoirs) étant exprimé par la maeaat,
dans laquelle on ne pense pas au prochain, mais on agit pour
celui-ci. Cette manière d’agir, nerf de la cohésion sociale,
conditionnait l’existence terrain et venait prolongée dans
l’existence supraterrestre, complétée par la commémoration
exhortative des monuments funéraires.
Donc
l’architecture funéraire était un fort médium pour la cohésion
sociale par la mémoire historique du défunt et de son nom.
Les
décorations descriptives des tombeaux nobiliaires, ou de celles élevées
des temples funéraires étaient les unes jouies seulement du défunt et
les autres du personnel de culte et du défunt royal : donc elles
n’étaient pas de domaine publique. Pourtant leur réalisation de part
des artisans spécialisés était une manière pour la cohésion sociale
par l’entretien de la mémoire culturelle d’us et de coutumes de la
terre natale. Dans cette expression se melangeaient
la mémoire communicative et celle culturelle.
Dans le
cadre de l’architecture funéraire royale (et non seulement celle-ci)
émerge la figure de l’architecte.
Ce technicien était le détenteur et le curateur du flux de la
tradition et même un fonctionnaire administratif, prête et autre.
Dans tous les cas il était une personne qui recevait et donnait des
ordres, dépendant ou faisant partie de l’organisation politique.
Il ne
concevait pas soi même comme un détenteur d’une spécifique culture de
fonctionnaire, et donc d’une technologie ou d’une éthique de classe,
mais comme détenteur de la culture en général. Être détenteur de la culture
est une tâche absorbante et exigeante à laquelle d’habitude se dévoue
celui qui n’a pas trop de soucis de survivance quotidienne. Et la
culture du centre, tout en étant un pourcentage restreint par rapport à
la masse, transmettait la conscience d’appartenir, chose
totalement diverse de l’appartenance génétique. La culture centrale
faisait participer les classes inférieures par des thèmes : pitié,
bienfaisance, solidarité, appartenance étaient des thèmes qui venaient
inculqués à la masse par l’ouvrage des fonctionnaires et les
manifestations visibles de l’état, comme l’architecture.
Dans le cas
des complexes funéraires royaux à pyramide ces ouvrages-ci eurent la
particularité et la fonction d’unir les masses dans le but d’un
ouvrage utile au roi, maître et propriétaire de la terre. Par cette
union les Égyptiens sentirent l’appartenance de culture et de race,
sûres que ces témoignages auraient parlé dans le langage muet à la
postérité dans le signe du souvenir et de la commémoration.
C’est
notre devoir étudier ce langage et l’expliquer avec sérénité, sur
les traces apparemment perdues.
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