PROJETER 

POUR LES FILS DE RĒa

 

PARTIE II

PROJET, ARCHITECTES ET GRAPHIQUE

PROJETER ET PROJET 

Celui qui a eu l’occasion de séjourner en Égypte, pour voyage ou pour travail, aura visité les lieux archéologiques de ce pays à la nature trivalente: eau, vert et désert.

Presque tous les sites archéologiques, pleins d’un passé grandiose, pourtant humain, présentent des ruines architectoniques. Habitations, palais, temples, tombeaux : architectures réalisées pour un cours de vie ou pour défier et soumettre l’éternité. Les Égyptiens, donc, faisaient de l’architecture: ils ont laissé des bâtiments qui se sont moqués du temps et, si entre eux n’eût pas circulé trop souvent l’homme, aujourd’hui ils seraient en conditions de loin meilleurs.

L’égyptologie a étudié les monuments, les a relevés, ravalés et actuellement nous pouvons avoir un tableau assez complet de l’histoire de l’architecture égyptienne, même si la terre d’Égypte garde encore des autre témoignages. Mais les fouilles continuent et l’informatisation aide a compléter ce tableau. L’architecture égyptienne a été regardée sous divers points de vue entre lesquels même celui de l’esthétique et, sous cette face, quelques spécialistes ont tenté de la motiver par des recherches dans le domaine de l’harmonie, soit elle ésotérique, géométrique ou spéculative.

Nous essayerons maintenant de mettre de l’ordre dans ce domaine, en tentant de focaliser un problème très important, soit celui du projet architectonique dans l’ancienne Egypte

Souvent je me suis demandé quelles notions pouvait avoir un architecte égyptien, quels fussent ses rapports avec le commissionnaire et comme il se mettait en face à la technique des constructions. Cette suite de doutes passe en second ordre par rapport à une question bien plus fondamentale : pourquoi l’architecture égyptienne a été réalisée dans la façon qui nous disons de (croire de) connaître ? Quels systèmes usaient les techniciens égyptiens pour projeter ?

Analysons tout d’abord le terme projeter. Pour projeter on peut entendre un’operation de création et d’étude d’un système de fonctions utiles ou inutiles. On peut projeter pour nous-mêmes dans un stérile procédé de narcissisme et on peut projeter pour un commettant, ce qui met en mouvement tout un monde de rapports fondés sur les échanges de société, de coutumes, d’économie et de commerce.

À l’époque des anciens Égyptiens celui qui avait des biens pouvait être un commettant pour une belle maison, une belle tombe, des stèles et pour une suite d’ameublement plus ou moins utile. Mais le commettant par excellence, les plus important, était le roi : il pouvait ordonner de bâtir un palais royal, un temple pour soi ou pour les dieux, un tombeau, un édifice cultuel, une ville. Sa décision de réaliser un monument, d’habitude, est présentée par les textes arrivés jusqu’à nous presque comme une inspiration divine qui devenait ainsi une émanation du dieu. Une idée de ce genre était tellement éclatante et importante pour l’appareil social égyptien qu’elle méritait d’être immortalisée sur un illustré en pierre, c.-à-d. une belle stèle commémorative (par exemple celle du roi Ahmosis - XVIII dynastie)

Pour le verbe projeter nous avons en égyptien :

wAwA sxr / zH « examiner attentivement des projets »; « former le projet », mais aussi avec allusion à l’idée de « mediter, réfléchir, se consulter »;

snTi « créer, projeter, inventer » avec le sens principal de « fonder »;

Pour le terme projet nous trouvons :

zH « projet, plan » avec la valeur principale de « conseil »;

sxr « projet, plan » avec le sens premier de « conseil, décision, affaire, nature, façon », même s’il y a une allusion à « représentation, figuration (d’une divinité) »;

kAt « idée, plan, projet, pensée, opinion »;

Nous nous rendons compte que ne pouvons pas identifier dans ces substantifs ce qui voulions trouver, mais nous pouvons les accepter dans l'ensemble pour le sens de projeter, projet car l'opération de projeter prévoit même la phase de méditation, de la consultation avec des autres experts, de l'inventer, de la décision sur des déterminés choix. Quelques exemples éclaireront mieux tout ce qu'a été dit.

Statue-cube en granit de Senenmout. h. m.1,00 (Berlin)Sur la statue-cube de Senenmout représentant ce dignitaire avec la princesse Neférou-Rea, près de la tête de l’adolescente il y a deux représentations hybrides et le Directeur de tous les travaux du roi affirme qu’elles sont

images que (j’)ai réalisé par le projet (kAt) de ma pensée (ib), comme celui qui agit dans un champ cultivé et qui ne se trouvent pas (les images) dans les écrits des ancêtres 

Cela veut dire que Senenmout n’avait pas copié sur des idées des prédécesseurs, mais avait pensé et projeté lui-même ces représentations composites et pleines de sens magique.

Les architectes égyptiens, entre un projet et l’autre, méditaient aussi comme inventer un nouvel produit. C’est le cas de Inéni qui déclare, dans sa stèle autobiographique 

Je fus attentif à méditer vivement comme on pouvait réaliser quelque chose d’utile : je fis produire un enduit de boue pour orner leurs tombeaux dans la Nécropole. C’est un travail qui ne fut jamais fait par le prédécesseurs et ce qui j’établis de y faire, se produit grandement… J’ai pensé à quelque chose d’utile pour la postérité : c'est un travail (= activité) qui fut de ma même pensée (ib), mon action de connaissance 

La dernière phrase est très significative : pensée, méditation, raisonnement, poussée naturelle (ib), connaissance des matériaux et de la technologie.

LA FIGURE DE L’ARCHITECTE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'ÉPOQUE

Le technicien qui interprétait les volontés du souverain était une personne qui nous pouvons comparer à l’architecte d’aujourd'hui. Dans l’écriture égyptienne n’existe pas un terme pareil, mais nous sont parvenus des titres qui peuvent être traduits, dans le sens plus large du mot, par architecte. Dans l’Ancien Empire nous avons :

mDH pr-nsw « Charpentier de la Maison Royale »

mDH qd nsw « Charpentier et Constructeur du Roi »

mDH qd nsw m pr-wy « Charpentier et Constructeur du Roi dans les Due Maisons »

Dans l’Ancien Empire se présente le titre imy-rA kAt

 « Directeur des travaux » avec des autres nuances de la fonction comme. par ex., « Directeur des (de tous les) Travaux du Roi » Cette charge devrait exprimer une fonction plus bureaucratique (direction ?) que d’action.

Dans le Nouvel Empire cette fonction remplace le vieux titre mDH (nsw) et devient imy-rA kAt (nbt nt nsw) qui revêt un sens plus complet et qui comprend le projet et la direction des travaux. L’architecte Inéni, par ex., était xrp kAt m xrt nt nsw et même imy-rA kAt m xrt nsw, c.-à-d. « Coordonnateur » et « Directeur de tous les Travaux dans la Tombe Rupestre du Roi » 

Maintenant nous chercherons de connaître, autant que possible, de plus de près quelques architectes égyptiens. Il faut toutefois remarquer que les sources autobiographiques de l’Ancien Empire ne parlent pas de l’activité des architectes, se limitant seulement à enumérer les titres et les tâches des personnages.

IMHOTEP (ii-m-Htp)

L’architecte égyptien plus ancien que nous connaissons, le grand ancêtre pourrions dire, est Imhotep vécu dans la III dynastie. La légendaire figure de ce génie est liée au roi Djéser et a acquérir un certain caractère concret. Au cours des fouilles dans la zone de la pyramide a degrés de Saqqara, son nom fut trouvé sur le soubassement d’une statue de l’Horus nTry-Xt, c.-à-d. Djéser. D’après cette inscription nous apprenons que Imhotep était Chancelier du Roi de l’Haute et de la Basse Égypte, Serviteur du Roi de l’Haute Égypte, Responsable du Palais, noble, wr-mAw, Charpentier et Sculpteur. Donc cet homme, en ce qui nous concerne, était un artiste et, en outre, occupait une charge importante dans la clergé de Héliopolis. Le nom de cet architecte est lié particulièrement au projet et à la réalisation du merveilleux complexe funéraire de Saqqara dans lequel se dresse la pyramide à degrés où fut enseveli le roi Djéser. La figure de Imhotep devint puis légendaire dans le temps jusqu’à l’époque gréco-romaine.

INÉNI (inni)

Inéni vécut sous Aménophis I, Thoutmosis I, Thoutmosis II, Hatshepsout et probablement mourut quand Thoutmosis III avait presque dix ans, chargé d’honneurs et de faveurs. Il fut Directeur de chaque travail en Karnak et même Directeur des travaux dans la tombe rupestre du roi (Thoutmosis I)

Temple de KarnakD’après sa stèle autobiographique nous apprenons qu’il projeta et dirigea toutes les activités artistiques sous Aménophis I. Sous Thoutmosis I il suivit les travaux qui ce roi lui commanda dans le temple de Karnak: une salle hypostye, son grand pylône en beau calcaire de Toura pourvu de superbes mâts de sapin libanais avec les embouts d’électrum. Dans le pylône fut réalisée la porte dont le nom était « Amon-est-puissant-de-force » avec le vantail recouvert de cuivre asiatique sur lequel il y avait l’image divine de Min modelée en or. Devant la montagne de pierre furent aussi dressés deux grands obélisques en granit,en occasion du jubilé du roi, pourvus de pyramidions d’électrum. Chacun de ces monolithes était haut de m.19,60 (plus que 37 coudées) et pesait 130 tonnes. Pour leur transport fut construit un énorme chaland long de 120 coudées (m.63,00) et large de 40c (m.21,00) qui embarqua les obélisques à Assouan et les transporta à Thèbes.

La dernière charge, délicate et personnelle, donnée à Inéni fut celle de projeter ( ?) et diriger les travaux dans la tombe de Sa Majesté Thoutmosis I dans la Vallée des Rois et le technicien s’acquitta de sa tâche dans la solitude, pas vu ni entendu. C'est dans cette occasion que l’architecte inventa un nouveau type d’enduit auquel nous fîmes allusion. Inéni fut enseveli dans la zone du Chêkh aAbd el-Gourna dans la nécropole à l’Ouest de Thèbes (tombe n°81).

SENENMOUT (sA ?-n-mwt)

Temple de Dêr el-BahâriSenenemout vécut sous la reine Hatshepsout et le roi Thoutmosis III et sa figure est liée à celle de la reine car il fut son fonctionnaire favori. Habile diplomate et brillant administrateur, ce technicien a rendu fameux son nom par le projet du temple funéraire de la reine à Dêr el-Bahâri. Il était Directeur de chaque projet du roi.

Sur une statue de Senenmout en quartzite du Gébel el-Ahmar trouvée dans le temple de Mout à Karnak nous avons la mention, même si plutôt vague, de la charge donnée à l’architecte de plusieurs ouvres :

On ordonna au Grand Intendant des Bien, Senenemout, de diriger chaque travail du roi à Karnak, en Hermonthis, dans le temple Imn-Dsr-Dsrw, dans la Maison de Mout, Dame du Ichérou dans le temple de Amon de Louxor…

Le grand Senenmout eut aussi la charge d’aller à Assouân pour des inspections périodiques au travail d’extraction des obélisques de la reine Hatshepsout dans cette localité. Nous avons notice de l’inauguration ( ?) des travaux dans un graffiti de l’île de Séhel. Senenmout se fit construire deux tombes dans la nécropole thébaine.

MIN-MOSE (mnw-ms)

Il vécut à l’époque de Thoutmosis III et de Aménophis II et il était Directeur dans les travaux des temples des dieux de l’Haute et de la Basse Égypte. Sa Majesté Thoutmosis III fit en manière que Min-mose dirigeât les travaux dans toutes le temples et précisément :

de Montou, Seigneur de Thèbes, le-toreau-qui-est-au-centre-de-Médâmoud ;

de Oupouaout, Seigneur de Lycopolis ;

de Hathor, Dame de Aphroditopolis ;

de Bastet, Dame de anx-tAwy (Memphis) ;

de Soped, Seigneur de iAty-spdw ;

de Horus, seigneur de Létopolis ;

de Khnoum, Premier de wA.f ;

de Sékhmet, Première de Sakhâ ;

de Horus-Rea, Seigneur de sXbw ;

de Hathor, Dame de Kôm el-Hisn ;

de Wadjet, Dame de Pé et de Dép ;

de Osiris, Seigneur de Bousiris ;

de Horus-khénty-khéty, Toreau en Athribis ;

de Bastet, Dame de […] ;

de Amon- Rea, Seigneur de Les-trônes-des-Deux-Terres-dans-l’Île-de-Amon ;

de Hathor, Dame de Byblos ;

de Amon […]

Localités de direction des travaux de Min-moseD’après la liste de ces localités citées sur la statue de l’architecte trouvée à Medâmoud, nous pouvons compter 19 toponymes (quatre se sont perdus) desquels le premier est juste Medâmoud, tandis que apparaît Byblos à l’étranger.

Or, quant à ce que j’ai déclaré –nous dit Min-mose- je tendis la corde (pour la fondation) en eux et je dirigeai les grands monuments par un travail excellent pour l’éternité »

Sur une autre statue puis on parle de Min-mose comme de celui qui construit tant de suite, en réalisant excellemment ses (du roi) monuments pour l’éternité. Le Directeur des Travaux de ce temple (de Karnak), le Scribe Royal Min-mose, juste de voix.

À Toura une inscription de l’année 4 du règne du roi Aménophis II nous informe de l’activité de l’architecte en occasion de l’ouverture d’une carrière de calcaire 

Sa Majesté ordonna d’ouvrir de nouveau les carrières pour extraire le bon calcaire de Toura pour rebâtir ses temples funéraires, alors que Sa Majesté avait trouvé que tous les temples étaient en train de tomber a terre du temps qui était existé précédemment, de la partie de Sa Majesté, pour qu’il soit gratifié de vie, stabilité et maîtrise comme Rea, éternellement. Exécuté sous la direction du Noble, le Fiduciaire du Roi dans le réaliser excellemment ses monuments, celui qui fixa l(es) stèles dans le pays de Nahrin et de Karoy, le Directeur des Travaux dans le temples de l‘Haute et de la Basse Égypte, le Scribe Royal, Min-mose 

Cet architecte participa à l’VIII campagne militaire asiatique de Thoutmosis III en guidant une fois l’armée vaillante du souverain, et alla en Nubie. La tombe de Min-mose est inconnue.

D’après ce que nous avons sommairement examiné on peut déduire que l’architecte égyptien était un homme compétent dans beaucoup de domaines de la technique : artisanat en pierre, bois ou métal ; génie des mines ; géologie ; restauration ; architecture…et quelque fois peut-être il savait aussi tirer quelque coup d’épée. Souvent, puis, les architectes avaient des charges sacerdotales plus ou moins importantes. Cela veut dire que ces fonctions mettaient l’architecte égyptien en rapport constant avec les exigences cultuelles et avec le clergé, mais elles n’en faisaient pas pour cette raison un prête. Le prête égyptien, au contraire d’autres lieux et cultures, n’était pas charismatique, mais plutôt un délégué du roi (prête unique) avec une spécifique préparation, compétence, apanage. Il pouvait être destitué, remplacé ou promu de rang comme n’importe quel fonctionnaire laïque (d’ailleurs le écoles étaient les mêmes), tout en étant obligé à ne pas divulguer son savoir à incompétents et non autorisés. Probablement la charge sacerdotale d’un architecte, quand ne se limitait pas au simple titre, pouvait mettre celui-ci en condition de connaître (ou en contact avec) idées et culture du monde sacerdotal à plein temps. En outre beaucoup d’architectes revêtaient des fonctions civiles qui les maintenaient en contact permanent avec les problèmes sociales et politiques du pays.

D’après cela on peut conclure que l’architecte égyptien était un personnage ouvert (s’il le voulait) à toutes les problématiques qui lui entraîna sa charge. Il était, donc, un représentant des temps dans lesquels il vivait, c.-à-d. l’acteur d’une vie apparemment statique mais très vive, dynamique et inquiète comme celle de l’ancien Égypte. Cette thèse est (et sera) démontrée juste par la diversité de l’architecture égyptienne qui, si d’un côté se sert de quelques éléments fixes -et qui constituent son ossature principale- de l’autre offre un domaine très vaste de solutions distributives et visuelles dictées vraisemblablement par la vie culturelle et par les connaissances des architectes égyptiens.

LE CONNAISSANCES DES TECHNICIENS

Les scribes et les techniciens égyptiens étaient des personnes instruites et, d’après les sources indigènes, nous pouvons déduire que ceux-ci avaient une telle formation professionnelle scolastique et d’expérience qu’ils arrivaient à résoudre des problématiques extrêmement complexes, en regard aux moyens résolutoires de l’époque. Nous examinerons brièvement les documentations les plus significatives dans le but de prouver, comme il a été fait jusqu’à maintenant, notre déductions.

Le Probable Parcous de L´Egypte aux mines de turquoise du SinaïUn document nous illustre la connaissance des techniciens égyptiens sur la nature des minéraux et des pierres dures ou semi-précieuses. Il s’agit d’une stèle découverte dans le Sinaï faite graver par un tel Hr-wr-ra, vécu dans la XII dynastie. Lisons cette chronique d’une expédition minière:

…Le Serviteur de ce dieu, le Porteur de Sceau du Dieu, le Camérier, le Contrôleur des Troupes, Hr-wr-ra, fut envoyé à cette mine et arriva à cette terre le III mois de l’hiver. Or cette-ci n’était pas la saison pour venir à cette mine !

Le Porteur du Sceau du Dieu dit aux officiers qui viendront à cette mine dans cette saison : « Ne vous découragez pas pour cela ! Voyez, Hathor fait cela pour celui qui explore. J’ai vu, quant à moi ! Moi même l’ai prouvé ! »

J’étais venu de l’Égypte et j’étais découragé. Il était impossible pour mon visage trouver sa peau. La région est brûlante en été, les montagnes sont marquées à feu et les peaux (font) des vessies.

…Au lever du jour [… ?] je tins un discours aux artisans au sujet de cela et les expertes qui étaient dans cette mine dirent : « Il y a de la turquoise dans la montagne pour l’éternité, (mais) c’est sa peau qui va cherchée dans cette saison. Nous avons entendu (dire toujours) la même chose : les minéraux viennent dans cette saison, (mais) c’est le naître de la peau qui est limitée dans cette mauvaise saison de l’été ».

Je me dirigeai vers cette mine dans mon coeur étant la puissance du roi. Alors j’arrivai à ce terrain et je commençai le travail avec succès. Mes soldats vinrent au complet sans que se produit absolument aucune perte. Je ne me décourageai pas devant le travail, je parvins à maintenir ferme le succès et je m’en allais le I mois de l’été.

J’ai amené cette splendide pierre dure. J’ai rendu plus que quiconque (autre) était venu et que chaque valeur qu’on désirait. La peau (de la pierre) était bonne et les yeux étaient en fête. Elle était plus belle qu’une (pierre de la ) saison indiquée.

Faites offrande, faites offrande, satisfaites-vous en Hathor ! Faites cela : il sera utile pour vous et rendrez plus que cela ! Le prospérer soit en vous !

Stèle C 14 du Louvre d’un tel irty-sn vécu dans l’XI dynastieUne autre source nous illustre l’ampleur des connaissances, cette fois, d’un personnage qui nous définirions artiste mais qui, en réalité, était même un technique. Il s’agit de la fameuse stèle C 14 du Louvre d’un tel irty-sn vécu dans l’XI dynastie. Le document est plutôt unique dans son genre parce que le personnage en question parle avec compréhensible emphase (en raison même du contexte humain) de ses qualités et de celles du fils dans la connaissance des secrets des techniques graphiques et artisanales. Lisons ce petit document auto laudatif :

Je connais les secrets des mots-du-dieu et les conditions de la récurrence de la fête. Chaque magie, j’en étais pourvu et il n’y avait aucune que m’échappât, ni aucune chose était cachée en elle pour moi.

J’étais un artisan excellent dans son art, un qui se distingue à cause de ce qu’il connaît. Je connaissais les formules des pâtes, ce qui est pesé par juste calcul, comme extraire ou faire entrer selon ce qui sort ou qui entre, de façon qu’un membre vienne à sa place. Je connais le mouvement d’une figure, la démarche d’une femme, la position d’un harpon ( ?), l’allure d’un prisonnier, comme un oeil regarde son second, comme représenter le terreur du visage des ennemies prisonniers, le lever d’un bras qui harponne l’hippopotame, la démarche de celui qui court.

Je connais le réalisation d(e la technique d)’incrustation de produits qui n’en descendent pas sans faire en sorte qu’ils brûlent au feu ni qu’ils s’évacuent par l’eau.

Il n’y a personne qui se distingue en dehors de moi-même et de mon fils charnel aîné. Quand le dieu (= le roi) a ordonné, il a exécuté et s’est toujours distingué. J’ai vu les produits de ses mains, puis qu’il est Surintendant des Travaux, en toute pierres dures et splendides, en partant de l’argent avec l’or jusqu’à l’ivoire et à l’ébène 

Comme écrit au sujet de la figure et la personnalité de l’architecte égyptien, aussi pour le graphique ou le scribe nous devons admettre qu’ils connaissaient le monde productif relatif à leurs domaines de travail. Donc des figures dont les horizons étaient assez vastes, par conséquent dynamiques et en mesure de produire intelligemment et au pas avec les temps.

LA GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE, TERMINOLOGIE TECHNIQUE ET « ÉCHELLES MÉTRIQUES ».

La nature des pièces archéologiques relatives aux articles de bureau nous a fourni des indications assez exhaustives sur leur réalité. L’encre (ryt) était de deux couleurs : noir et rouge et se présentait en forme de petits pains solides semblables à nos couleurs à aquarelle en cuvettes. Les pains étaient composés de mélanges de charbon (pour le noir) et de minium (pour le rouge), gomme et dessicatif et ils étaient usés à la même façon des nos aquarelle, en trempant le pinceau dans l’eau et en le frottant sur le matériel solide. L’eau était contenue dans un petit vase appelé iab .

Palettes et Calames de ScribeL’instrument pour tracer lignes de différente épaisseur était le calame (ar )constitué d’un roseau de Juncus maritimus, une particulière espèce de jonc qui pousse encore aujourd’hui dans les marais saumâtres d’Égypte. Une extrémité du roseau venait coupée à pointe de ciseau, et on pouvait obtenir des lignes épaisses en l’usant de plat et des lignes subtiles en l’usant de chant. Naturellement étaient employés des joncs de différente section jusqu’à un minimum de mm.1,5. Les lignes, ou la même écriture, étaient effacées par la salive ou par un chiffon humide, mais étaient usées aussi des baguettes de grès bien polies (voir images).

Avec des plumes très subtiles, le seul support approprié au dessin était le papier de papyrus, appelé par les Égyptiens Sw ou Sfdw. Il est superflu de décrire dans ce moment la fabrication de ce matériel qui tout le monde connaît bien dès écoles primaires. Il est important, plutôt, de rappeler que le papier de papyrus est documenté dès premières dynasties.

Les instruments de dessin devaient être constitués par des règles et réglettes semblables aux coudées. Les équerres étaient sûrement en usage, sinon ne s’expliqueraient pas des chefs-d’oeuvre de subtiles et serrés parallélismes de lignes dans les représentations architecturales, et non, sur beaucoup de papyrus. En outre il y a une vaste documentation d’équerres en bois de charpente. Par cet appareillage et beaucoup de patience, les Égyptiens dessinaient géométriquement, en produisant des tracés de réseaux à maille carrée et, donc, des véritables projets.

À ce point on doit dire un mot sur les connaissances de la géométrie descriptive chez les anciens Égyptiens. Ils connaissaient la méthode de représentation aujourd’hui connue par le nom de projections orthogonales. Comme nous, le technicien égyptien se rapportait aux trois plans principaux de référence et de projection (horizontal, vertical, latéral) et appliquait même la règle du rebattement des plans. D’après l’enquête sur l’architecture funéraire royale de l’Ancien Empire, souvent se met en évidence la réalité de l’emploi des projections orthogonales. Ce système, comme tous savons, l’on trouve appliqué dans les arts figuratives de l’ancien Égypte et dans la figure humaine on a trouvé que le canon proportionnel est rapporté au système de la coudée.

Pour l’identité même du message représentatif les Égyptiens ne représentaient pas en scènes verticales la profondeur de champ due au phénomène de la perspective, et cette caractéristique de déployer les divers éléments d’une composition la retrouvons même dans le dessin architectural. Mais il est indéniable que pour réaliser des exemples structuraux et urbanistiques à large répit comme la ville de Akhet-Aton (el-aamarna) ou quelques épisodes de temples, les techniciens égyptiens doivent avoir eu conscience de la perspective comme un moyen pour obtenir déterminés résultats combinés aussi avec les méthodes de projet fondées sur l’emploi des figures géométriques très simples, telles que divers types de triangles et le carré.

Aujourd’hui nous possédons une terminologie technique et appropriée pour les représentations géométriques en architecture ; plan, façade et coupe. Dans l’ancienne Égypte nous trouvons des termes qui pouvons tranquillement traduire par notre terminologie: plan; façade antérieure, postérieure et latérale; coupe.

Pour les diverses parties du bâtiment les Égyptiens avaient un lexique plutôt simple, mais exhaustif même si nombreux termes concernant l’ameublement architectural et nautique nous sont inconnus.

 

Reste un peu nébuleuse la question si les Égyptiens eussent inventé un système de réduction en échelle. Il semble que les de Ramsès IVet de Ramsès IX aient été dessinées la première en éch. 1 :28 et la seconde en éch. 1 :270, ou 1/8 de doigt par coudée. Le projet d’un débarcadère pourrait avoir être exécuté en éch. 1 :262. Soit qu’il en soit, il semblerait logique que les architectes égyptiens connaissent un système de réduction de coudée peut-être pas comme l’entendons nous, mais quelque chose de pareil, si on considère même le fait qu’à l’époque n’étaient pas connues les proportions : il suffit de considérer les problèmes sur les pyramides du PMR, comme verrons ensuite. Du reste sont plus que connus des fragments de maquettes réalisées en pierre, même démontables, représentant (parties antérieures de) temples, (coins de) salles à piliers, ce qui nous fait supposer un avancé degré d’organisation visuelle des techniciens de l’époque.

Cela pour les projets architectoniques. Pour ceux-là à être réalisés en bois ou en pierre, mais de petites dimensions, les Égyptiens usaient le système de réseaux à maille carrée, raison pour laquelle la réalisation de l’oeuvre pouvait être exécutée par des multiples du projet, un système pratique et de niveau typiquement artisanal.